• Galerie des femmes

    Zhao Biru

      Zhao Biru
    3 au 16 juillet 202035 rue Jacob 75006 Paris

    Exposition Reliés de Zhao Biru co-organisée avec He Yuhong
 Présidente de l’Union des Artistes d’Asie en France.
    Vernissage jeudi 2 juillet 2020 à partir de 19 h
    Jusqu’au 16 juillet 2020, 
du mardi au samedi de 14h à 19h

    Zhao Biru est une personne tellement discrète que quand on la croise dans une foule, on peut facilement l’ignorer. Ce n’est pas à cause de son apparence, mais plutôt à cause d’une certaine étrangeté, une distance à elle-même, un écart, un décalage, qu’on peut appeler aliénation, qui semble résulter d’une action, mais qui est en fait produit par une volonté et un choix subjectifs. L’aliénation, cela ne veut pas dire, chez une telle personne, qu’elle cède, mais qu’elle établit des relations de manière plus proactive.

    La relation (关系) , dans le texte chinois moderne, est un état d’interaction et d’influence avec le monde extérieur. Dans la vie réelle, surtout aujourd’hui, elle est devenue un concept de sociologie important, qui retient l’attention des peuples laïques. C’est la raison pour laquelle j’ai donné ce titre
    « Guan-Xi » (关·系 « Re-liés ») à l’exposition de ZHAO Biru.
    Car Biru n’appartient absolument pas à la catégorie de personnes qui s’imaginent très douées pour gérer la Guanxi (la relation). C’est pour elle une affaire de volonté! Il y a un paradoxe dans la langue : si on sépare Guanxi en deux, pour interpréter Guan et Xi séparément, le sens devient tout autre. Guan signifie éteindre et fermer, mais aussi lier; c’est-à-dire qu’on doit renoncer à des choses à cause des autres choses.
    Cela ne veut pas dire que tout est vide, ni qu’il n’y ait pour nous plus rien à faire. Au contraire, il faut redémarrer, refactoriser et relier. Évidemment, cette reconstruction, ou re-liaison, a besoin d’une nouvelle base. Comme le dit le proverbe chinois ancien : si la peau n’existe pas, où le poil sera-t-il attaché? À ce moment du questionnement, on attend Xi, qui veut dire « attacher ». Mais à quoi va-t-on attacher? C’est cela le plus important.

    L’art contemporain d’aujourd’hui est aussi actif et complexe que tous les autres domaines. On n’est plus intéressé aux techniques et compétences. Partout on voit les métaphysiques, mais vides ou pleines d’idéalisme, sans aucune action spécifique, uniquement des bla-bla-bla. Il ne manque pas d’artistes qui connaissent par cœur toutes sortes de philosophies et théories du génie. Tous sont devenus des politiques et des orateurs. Mais quand on voit les œuvres, on ne voit rien de nouveau, et la déception est là. Alors que la vraie capacité de création artistique est affinée de jour en jour dans l’atelier ou dans le musée. Tout comme une grande construction, elle ne peut pas se faire sans les yeux (observer et apprendre), les mains (pratiques), le cœur (l’amour) et le cerveau (réflexion et méditation). Tout ça, c’est la Guanxi (la relation) que les artistes doivent pratiquer, sans se limiter aux relations sociales.

    Une artiste comme ZHAO Biru, peut-être à cause de son caractère intrinsèquement introverti, est également concentrée et tenace. Cela peut être aussi son choix volontariste (si tel est le cas, je veux la féliciter avec joie). Son travail quotidien est de rester dans le studio et de peindre tranquillement. Il lui faut parfois plusieurs jours pour terminer une œuvre, teindre couche par couche, superposer, répéter et relier… La vie n’est-elle pas ainsi, répétée et poursuivie? Dans ces processus, la relation de compromis entre l’encre et le papier, la lumière et l’ombre, la couleur et la ligne reflète les traces et le trajet de l’artiste. ZHAO Biru, qui, imprégnée par un environnement artistique depuis son enfance, a travaillé dans le design, la gravure, etc., et a tenté de nombreuses recherches, doit connaître très clairement sa relation avec l’art, la place de l’art dans sa vie, ce à quoi elle a renoncé et ce qu’elle désire. Je crois fermement que ZHAO Biru nous offrira encore plus de beaux travaux et de belles surprises à l’avenir.
    HE Yuhong, Commissaire d’exposition, 2 juillet 2020