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Galerie des femmes
Un billet vers la vie exposition de Tao Sirui
Exposition de Tao Sirui, Un billet vers la vie, Commissaire de l’exposition He Yuhong Présidente de l’Union des Artistes d’Asie en France. La série de certificats de Tao Sirui sont Certificat de stérilisation, Certificat d’autorisation d’enfantement, Certificat honorifique de naissance d’un enfant unique…
Vernissage mercredi 25 septembre à partir de 19 hUn billet vers la vie
La série de certificats de Tao Sirui peut être divisée en quatre groupes bien distincts : « Certificat de mariage », « Certificat de stérilisation », « Certificat d’autorisation d’enfantement » et « Certificat honorifique de naissance d’un enfant unique ». Bien entendu, certaines personnes se demanderont si ces « certificats » sont vraiment des œuvres d’art. Je suis de plus en plus certaine – et j’aime bien le répéter – qu’il est plus important et plus difficile aujourd’hui d’interpréter une œuvre d’art que de la créer. En effet, l’histoire de l’art n’est pas seulement une histoire de la création artistique, c’est aussi une histoire artistique. Tao Sirui établit une relation entre ses œuvres et sa vie, un évènement douloureux de son adolescence qui l’a durablement marquée. Il s’agit de l’histoire de sa tante. Cette femme a traversé des montagnes et des rivières pour se rendre à la maison des parents de Sirui dans le Xinjiang, la région autonome ouïghoure. Celle-ci s’était exilée et cherchait à se cacher pour donner naissance à un deuxième enfant. Toutefois, peut-être en raison de la tension, du long et pénible voyage, de la fatigue, elle a fait une fausse couche. Le rêve a échoué.« Cette tache rouge au milieu de l’immense champ de neige est un souvenir que je ne peux pas effacer de ma vie », affirme ainsi Sirui. « Tout comme ma tante, il y avait des gens, partout dans le pays, qui ont parcouru des milliers de kilomètres […] pour leur deuxième ou leur troisième enfant ». De manière tragique, ces enfants étaient souvent appelés « He Sheng » (« né sur la rivière »), « Qiao Sheng » (« né sous le pont »), « Miao Sheng » (« né dans le temple »), ou « dix mille » et « huit mille » (« né à dix mille kilomètres de la maison »). Dès leur venue au monde, ils portaient, ainsi, avec leur nom, le souvenir des larmes, de la souffrance et de l’espoir de chaque famille. Derrière chaque bébé, se cachait donc une histoire dramatique et saisissante.
« Un billet vers la vie » ? L’expression semble assez drôle et ironique, au premier abord, mais après avoir saisi son sens profond, c’est en effet une formule tragique ! Cela me rappelle un vers du philosophe et poète allemand Schiller, extrait de son poème Berceuse : « Les cent dernières années se sont terminées par une tempête, mais le nouveau siècle a commencé par un assassinat. » Ce vers s’applique presque deux siècles plus tard, et par inadvertance, à l’histoire de la Chine, que Tao Sirui convoque dans ses œuvres. Ce qu’elle a dessiné, ce ne sont pas des « certificats », mais des « billets vers la vie ». Ou plus profondément, ce qu’elle a dessiné est « la vie » et « le billet » : une vie remplie d’assassinats et de meurtres, et un billet qui est taché de sang !
He Yuhong, commissaire de l’expositionTao Sirui
Tao Sirui 陶思睿, Née en 1972 à Kachgar, Xinjiang, diplômée de la faculté des Beaux-Arts de l’Université normale du Xinjiang en 1992. Arrivée à Beijing Songzhuang Art district en 1998 et s’y est installée en 2001, où elle vit et travaille depuis lors. Ses œuvres sont entrées dans des collections privées et publiques en Chine, en France, en Australie, aux Pays-Bas, en Suisse et dans d’autres pays.Curatrice He Yuhong
HE Yuhong 何宇红, Diplômée de la licence d’« Art Craft » du département des Beaux-Arts de Nanjing Art University, et d’un Master en littérature comparée du département Chinois de Nanjing University. Elle est également la fondatrice de l’association de l’Union des Artistes d’Asie en France. Écrivaine, critique d’art, conservatrice internationale et journaliste membre de l’Union de la presse francophone, elle a activement participé au Mouvement de Libération des Femmes en Chine dans les années 1990 ; elle a organisé des dizaines d’événements culturels et artistiques internationaux, dont bon nombre d’expositions et conférences, et a apporté son expertise à des ventes aux enchères, colloques académiques, etc. Elle a déjà publié une cinquantaine d’articles, nouvelles, essais et critiques d’art dans la presse et des revues littéraires et artistiques. En 2005, elle a publié son roman en mandarin « De grâce, n’allez pas à l’église pour trouver Dieu ! ». Entre 2012 et 2018, elle a fait paraître plus de 50 biographies et entretiens avec des artistes contemporains célèbres du monde entier. Ses écrits et discours sont parus dans divers magazines littéraires et artistiques professionnels, sites Web, médias nationaux et internationaux tels que Artron, Phoenix Art, Phoenix SatelliteTV, Pictural, RFI (Faguang), TV5, Furong Magazine, People’s Network of China, Xinhua Daily…