La remise des Prix Artémisia 2024, qui récompensent des femmes créatrices de bandes dessinées, aura lieu le mercredi 17 janvier. L’association Artémisia œuvre pour la visibilité des femmes et de leurs œuvres dans la bande dessinée.

PRIX ARTEMISIA 2024
Le Prix Artémisia co-fondé en 2007 par Chantal Montellier et Jeanne Puchol, a pour objectif de mettre à l’honneur la production féminine dans la bande dessinée, toujours plus abondante et talentueuse, pour le scénario et/ou le dessin.
Les membres du jury Artémisia composé de Chantal Montellier, Isabelle Beaumenay-Chaland, Julie Scheibling, Patrick Gaumer, Pascal Guichard et Christophe Vilain ont décerné cinq Prix, dont le Grand Prix.

• Grand prix Artémisia
Madones et putains par Nine Antico, éd. Dupuis
Madones et putains est un album essentiel pour l’histoire de la bande dessinée féminine et féministe, que le prix et l’association Artémisia a pour vocation de défendre et éclairer.
En trois nouvelles graphiques excellement dessinées, la talentueuse et prolifique Nine Antico nous donne à voir, et à penser, la condition féminine dans le monde machiste de l’Italie du XXe siècle, pas fondamentalement différent du suivant.
De la jeune Agata, enfermée dans un sanatorium et privée de toute vie sociale, pour cause de scandale sexuel concernant sa mère et l’amant de celle-ci, à Lucia, la jeune femme tondue au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pour avoir aimé un soldat allemand, puis à Rosalia qui a osé livrer le nom des mafieux de son village, et se retrouve de ce fait stigmatisée, puis poussée au suicide, ce sont trois histoires exemplaires de femmes sacrifiées sur l’autel des valeurs dominantes d’une société qui ne reconnait ni sa violence, ni ses torts, ni ses manques. Entre drame antique et étude sociologique, Nine Antico nous offre une fois encore un chef d’œuvre qu’Artémisia est fière d’honorer.

• Prix Artémisia « Mauvaises herbes « 
Devenir, par Joanna Folivéli. Deux Points Editions
“Devenir” est le Prix Artémisia « Mauvaises Herbes ». Il s’agit de la première publication de Joanna Folivéli ; un album soigneusement soutenu par les “Deux Points Editions” et composé de courts récits aussi poétiques que dramatiques. Les beaux et fins dessins de Joanna nous poussent à interroger le regard de notre société sur la transidentité et la difficulté à vivre tranquillement sa singularité.

• Prix Artémisia Poésie-Mixte
Grande échappée, par Bérengère Delaporte, variation graphique autour du poème La Panthère de Rainer Maria Rilke, éd. Nathan
Il n’y pas que les coups de poing qui font mal, la violence psychologique peut tout autant vous détruire à petit feu. Toxique, le père de Louise l’est assurément. Lorsque l’ado lui avoue vouloir devenir danseuse comme sa mère, le tyran domestique refuse net et accuse sa femme de l’avoir influencée, de n’être qu’une danseuse « ratée », bonne à rien et boulet financier. Louise pousse sa mère à ne plus se comporter comme la Panthère du poème de Rainer Maria Rike qui, de sa cage, ne « semble voir que barreaux par milliers et derrière mille barreaux… ». À retrouver, enfin, sa liberté.

• Prix Artémisia Humour
Le grand incident, par Zelba, éd. Futuropolis/Louvre éditions
« A poil, tout le monde à poil !» résume un peu l’album de la dessinatrice Zelba. Le directeur du musée du Louvre constate un matin, la disparition de toutes les représentations de femmes dénudées dans les œuvres. Teresa, la femme de ménage, en connait la raison. Les femmes représentées ne veulent plus être l’objet de regards parfois vicelards, de moqueries ou même de mains baladeuses. Pour réintégrer tableaux et socles de statue, elles exigent des visiteurs masculins une tenue d’Adam.

• Prix Artémisia « Survireuse »
Sultana, par Lili Sohn et Elodie Lascar, éd. Steinkis
Sarah, 35 ans, est l’(anti) héroïne de cette bande dessinée étonnante. La trentenaire cumule boulot et relations amoureuses frustrantes, mère odieuse, et manque chronique d’argent. Tout cela ne l’empêche pas de vivre à cent à l’heure, sur son petit deux roues, au risque de déraper, d’où le titre du prix « Survireuse « . En effet, les membres du jury Artémisia ont « tousses » pensé à l’album de feu Guy Peellaert intitulé Pravda la survireuse. Une motarde qui ignore systématiquement les feux rouges ! Comment trouver le temps d’avoir un enfant avec un rythme et un style de vie pareil ? Pourtant, l’horloge biologique de Sarah commence à s’affoler… Mais, pour la jeune femme, l’idée d’une vie bien rangée, correspondant aux standards imposés par la société, ne lui semble pas faite pour elle… L’est-elle pour les autrices de cet album tonique, audacieux, et puissant ? Lili Sohn et Elodie Lascar. Nous l’ignorons, mais nous leur souhaitons d’aller loin, tout en ménageant leurs montures et en faisant attention dans les virages !

Nine Antico, Joanna Folivéli, Bérengère Delaporte, Zelba, Lili Sohn et Elodie Lascar succèdent à Valentine Cuny-Le Callet, Nina Bunjevac, Maybelline Skvortzoff, Daria Schmitt et Trina Robbins, lauréates du prix 2023.

LES MEMBRES DU JURY ARTÉMISIA
Chantal Montellier, bédéaste et fondatrice du Prix Artémisia
Julie Scheibling, scénariste
Isabelle Beaumenay-Chaland directrice artistique du festival « Les rencontres Chaland »
Patrick Gaumer, écrivain, journaliste, auteur du Dictionnaire mondial de la BD (Larousse)
Pascal Guichard, directeur artistique, graphiste, plasticien
Christophe Vilain, enseignant, journaliste, rédacteur en chef de TraitpourtraitBD 

Président d’Honneur : Laurent Gervereau, plasticien, écrivain, directeur d’institutions patrimoniales (Musée du vivant) et de réseaux internationaux, président de l’Institut des images.
Parrain : Gilles Ratier, écrivain, journaliste, rédacteur en chef de bdzoom.com

La sélection 2024
• Barbe bleue de Camille Benyamina et Amélie Nothomb (Albin Michel)
• De l’air de Gabrielle Piquet (Seuil)
• Des maux à dire de Beatriz Lema Rivera (Sarbacane)
• Devenir de Joanna Folivéli (Deux points éditions)
• Éloge de la surface dans les profondeurs de la téléréalité de Stella Lory et Tilila Relmani (Dargaud)
• Federico García Lorca de Ilu Ros (Robert Laffont)
• Germaine Richier – La femme sculpture de Laurence Durieu, Sandra Tosello et Olivia Sautreuil (Bayard graphic)
• Grande échappée de Bérengère Delaporte (Nathan BD)
• Indiana de Claire Bouilhac et Catel, d’après George Sand (Dargaud)
• Le goût du Japon – Le Chat du kimono Tome 4 de Nancy Peña (La Boîte à bulles)
• Le grand incident de Zelba (Futuropolis/Louvre éditions)
• Les matins doux – Simone de Beauvoir & Nelson Algren d’Ingrid Chabbert et Anne-Perrine Couët (Steinkis)
• Madones et putains de Nine Antico (Éditions Dupuis)
• Metadoggoz de Bérénice Motais de Narbonne (Actes Sud)
• Moi, Edin Björnsson d’Edith (Editions Oxymore)
• Sultana de Lili Sohn et Elodie Lascar (Steinkis) –
• Un voyage de malade de Josephine Mark et Paul Derouet (Gallimard Jeunesse)
• Underground, Wombat renégat et autres opposants australiens à la guerre du Vietnam de Mirranda Burton (La boîte à Bulles)
• When you smiling de Nadine Van Der Straeten (Tartamudo)