• Galerie des femmes

    Emmelene Landon

      Emmelene Landon
    10 mai au 15 juin 201935 rue Jacob 75006 Paris

    Pacifique. Ou presque exposition d’Emmelene Landon
    Texte de Marie Darrieussecq

    Vernissage jeudi 9 mai à partir de 19h

    Pacifique portrait
    Emmelene Landon est née à Melbourne. Melbourne est sur le détroit de Bass, qui sépare l’Australie et la Tasmanie. Ce détroit relie l’océan Pacifique à l’océan Indien. Emmelene est donc née à la jointure de deux océans, ce qui lui va bien. Elle a toujours pris la mer. Et elle a toujours rapporté de ses voyages des tableaux, comme lors de son tour du monde en cargo.

    L’ordre de mission d’Emmelene Landon dans le Pacifique était libellé ainsi : « L’écrivain de marine effectuera une mission du 28 janvier au 4 mars 2019. Elle embarquera à bord du BSAOM (bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer) D’Entrecasteaux du 4 au 27 février 2019, à Nouméa, sous réserve des contraintes opérationnelles du bâtiment. Cet embarquement a été autorisé par la force d’action navale (alfan/cal) et s’inscrit dans le cadre des rayonnements menés par le Centre d’Études Stratégiques de la Marine ».

    Emmie a écrit dans son journal de bord : « J’ai l’impression que le centre ville de Nouméa s’est déplacé depuis une escale en 2001, lors d’un voyage à bord d’un porte-conteneurs qui faisait le tour du monde. Tous ces souvenirs flous sont liés à la brièveté des escales, à leur précarité, car on reste relié au navire, comme dans un rêve qui s’efface petit à petit quand on repart en mer. » Ensuite elle a croisé une baleine et évité le cyclone Oma, passé La Foa, la baie sans Eau et l’îlot des Morts, et la baie de Saint Vincent, le Havre Trompeur et l’île des Contrariétés, appelée ainsi par l’Amiral Bruni d’Entrecasteaux. Elle a accosté à Brisbane et Darwin, petits retours en Australie. Au retour à Paris, elle peint et elle écrit, comme toujours, ici portée par le Pacifique.

    L’emploi du temps et l’emploi de l’espace : c’est l’affaire des artistes. De tous les humains, oui, mais les artistes ne font que ça : donner forme au temps et à l’espace, comme une question de vie et de mort. Mon amie Emmie et moi nous partageons le goût des cartes. Nous préférons la géographie à l’histoire comme on préfère la vie à la mort. Bachelard disait de la géographie qu’elle est « l’art de rêver la terre ». Elle est évidemment art pour Emmie. Un jour d’une carte du Pôle Sud elle fit un pays de glace et de mer, dans la matière même des couleurs, du papier marouflé et de la toile, et je vis depuis des années avec ce tableau chez moi, qui est devenu comme une personne. La forme des continents et la forme des corps, la géographie des visages, le tellurique, l’océanique, le volcanique, voilà l’emploi du temps d’Emmelene Landon.
    Marie Darrieussecq

    Biographie d’Emmelene Landon
    En 1970, à l’âge de six ans, Emmelene Landon quitte son Australie natale à bord du Marco Polo avec sa famille en traversant le Pacifique de Sydney à Nahodka en passant par Yokahama. Ils traversent ensuite l’Union Soviétique en Transsibérien pour passer trois ans en Angleterre, avant de repartir vivre cinq ans à New York et de s’installer en France en 1979. Elle étudie la peinture auprès de Leonardo Cremonini aux Beaux-Arts de Paris, repart en Chine par le Transsibérien en écrivant et en peignant. Sa première exposition de peinture a lieu à Beijing en 1988. Ensuite, elle expose régulièrement à Paris, ainsi qu’à New York et à Rome. En 2001, elle embarque à bord du Manet, porte-conteneurs de trente-mille-cinq-cents tonnes. Elle publie Le Tour du monde en porte-conteneurs chez Gallimard, en 2003, et expose dans des musées maritimes. Ce voyage confirme son amour et sa fascination pour le monde maritime, thème qui traverse à la fois son écriture, sa peinture, son travail de producteur à France Culture et de vidéaste. En 2006, elle publie Susanne, Peintures de Susanne Hay, et en 2007, Le Voyage à Vladivostok, chez Léo Scheer. La Tache aveugle, 2010, et Portrait(s) de George, 2014, chez Actes Sud. En 2017, La Baie de la Rencontre est publié chez Gallimard. En novembre 2018 paraît Marie-Galante, chez Gallimard.
    Emmelene Landon est écrivain de Marine, dans les pas d’Isabelle Autissier, Jean Rolin et Simon Leys.