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    Claude Batho et Erica Lennard, photographies

      Claude Batho et Erica Lennard, photographies
    8 juin au 23 septembre 2023La galerie rouge 3 rue du Pont Louis-Philippe 75004 Paris

    Exposition La vie des femmes de Claude Batho & Erica Lennard à La Galerie Rouge.
    Du mercredi au samedi de 11h à 19h

     » La Galerie Rouge réunit dans une même exposition, Claude Batho & Erica Lennard, deux photographes qui ont, chacune à leur manière, créé une œuvre puissante, féministe et introspective dans les années 1970 en France. Leurs regards, tournés vers la sphère de l’intime, révèlent le temps qui passe, celui de vies et d’œuvres en construction. Leurs photographies, à l’identité forte et distincte, apparaissent aujourd’hui éminemment contemporaines et avant-gardistes.

    Claude Batho & Erica Lennard ont été reconnues dès le début de leur carrière. Dans les années 1970, elles sont exposées à la galerie Agathe Gaillard : Erica Lennard en 1976 et Claude Batho en 1977. Au même moment, la publication de leur livre aux Éditions des femmes assoit leur légitimité et permet la diffusion de leurs photographies à un moment où les femmes photographes étaient peu reconnues, voire rendues invisibles dans le milieu de la photographie. Cette maison d’édition fondée par Antoinette Fouque, militante féministe et figure historique du Mouvement de libération des femmes (MLF), a été créée en 1972 pour proposer des œuvres rédigées par des femmes et centrées sur les problématiques liées à l’émancipation des femmes, la création et la réflexion féminines. Claude Batho publiera deux livres avec ces Éditions, Le Moment des choses (1977) et Claude Batho, Photographe (1982). Erica Lennard lancera sa carrière de photographe en 1976 avec la publication de son livre Les Femmes, Les Sœurs.

    L’œuvre de Claude Batho se situe dans le cadre familial et intime. Sans romantisme, avec simplicité et pudeur, elle photographie son quotidien, ses deux filles, les objets et les lieux qu’elle chérit. Elle y présente son existence de femme, notamment les tâches ménagères – le linge mouillé, les draps repassés -, et l’interdépendance des choses et des êtres comme ce portrait du père « aveuglé » par la lumière entrée par une fenêtre. Claude Batho s’intéresse particulièrement à ce pouvoir magique qu’a la photographie de retenir les instants, le temps qui passe et les êtres chers. Une qualité photographique qui nous fait plonger immédiatement – en tant que spectateurs – dans son univers, à la fois familier et lointain, sans appréhension et guidés simplement par la poésie du quotidien. Claude Batho disait ainsi « Ces photographies sont trop proches, trop intérieures pour qu’avec elles je puisse prendre de la distance. Elles sont remplies du temps qui passe, sur les enfants, les gens et les choses. J’ai voulu rendre sensibles des instants très simples, en retenir les silences … » Ce rapport au temps prend un sens particulier dans ses photographies puisque Claude Batho, atteinte d’un cancer en 1976, accomplit en quelques années une œuvre considérable, simple et complexe, où elle photographie son existence tout en engageant une réflexion sur la nature même de la photographie.

    Erica Lennard réalise sa série Les Femmes, les Sœurs, entre les États-Unis et l’Europe alors qu’elle est une jeune femme de 20 ans. Venue de Californie et installée à Paris en 1973, elle y photographie sa sœur cadette Elizabeth, ses amies et les femmes qu’elle rencontre et admire. Ces portraits de femmes sont à la fois une ode au pouvoir et à la beauté des femmes et une quête d’identité à un âge où Erica Lennard cherche de nouveaux modèles féminins et commence son œuvre photographique. Vivant une existence proche de la bohème, entourée d’artistes et d’écrivaines, les décors qu’elle choisit sont éminemment beaux et romantiques : le site archéologique de Lindos en Grèce, la Camargue en été, un appartement haussmannien quasiment vide, les rues de Paris, et des jardins à la française. Elle y photographie des femmes non pas comme objets de désir mais comme sujets de leurs propres désirs et revendique par là une liberté de vie et de pensée à un moment où la lutte pour les droits des femmes s’intensifie en France. La photographe fait ainsi le portrait d’une sororité qui célèbre la pluralité et la richesse des existences féminines. Erica Lennard écrit dans Les Femmes, Les Soeurs « Je vais avec toi et seule dans l’heureuse lumière des heures accomplies ; Sans être à moi pareille, toi tu es mon reflet en ces images. Elizabeth et moi sommes sœurs. Nous sommes toutes sœurs. »

    Les tirages présentés dans l’exposition sont tous d’époque – autrement dit « vintages »-, et réalisés de la main des deux artistes qui ont un attachement passionné pour la perfection du tirage photographique. »  Extrait du dossier de presse de La Galerie Rouge